CHAPITRE III

Encaissées dans un vallon boisé, les terres de Godstoke appartenaient au prieuré de Wenlock. Les moines exploitaient le tiers du domaine et le reste était affermé à des paysans. L’ensemble était prospère. Une fois franchies les collines, des fugitifs se trouvaient à l’abri et pouvaient poursuivre à leur guise sur toute l’étendue de la propriété.

Toutefois, l’intendant du domaine se montra catégorique :

— Nous avons entendu parler de cette disparition et, bien qu’il y ait peu de chances qu’ils soient passés par ici plutôt que par la grand-route de Ludlow, j’ai effectué mon enquête un peu partout. Soyez-en sûr, mon frère, on ne les a pas vus à Godstoke.

— On les a signalés pour la dernière fois à Foxwood, observa frère Cadfael. Ils arrivaient de Cleobury avec l’un de nos frères, qui leur a suggéré de l’accompagner à Bromfield et ils ont refusé pour continuer au nord. J’espérais qu’ils se réfugieraient chez vous.

— A votre place, j’aurais fait la même déduction. Mais nous ne les avons pas vus.

Cadfael réfléchit un moment. Il connaissait la région juste assez pour ne pas s’égarer. Si les fugitifs avaient évité ces parages, rien ne servait d’insister. En revanche, mieux valait continuer les recherches sur la route la plus logique, celle qui venait directement de Foxwood, mais c’était l’affaire d’une journée entière. Comme le crépuscule approchait déjà, autant regagner Bromfield par le chemin le plus court.

— Restez vigilant, au cas où vous apprendriez du nouveau, dit Cadfael. Je rentre chez le prieur Léonard. Si je prends par le sud-ouest, c’est à vol d’oiseau, je crois. Quel est l’état des routes ?

— Vous traverserez une partie de la forêt de la Clee et il faudra garder le soleil un peu sur votre droite : vous ne pouvez pas vous tromper. Méfiez-vous, les rivières ne sont pas fiables, même depuis le début des gelées.

L’intendant lui indiqua la direction et le suivit des yeux tandis qu’il s’éloignait du vallon pour rejoindre un sentier qui s’étirait entre des collines en pente douce. Cadfael tournait le dos à la masse ronde de Brown Clee, en laissant sur sa gauche les contours plus escarpés de Titterstone Clee. Le soleil tardait à sombrer et dessinait un globe rougeâtre derrière de fins nuages gris. L’inévitable neige ne tomberait pas avant une heure ou deux. L’air était glacial, sans le moindre souffle de vent.

Un mile plus loin, il pénétra dans la forêt. Les arbres conservaient encore des cristaux de neige, et des lames de glace pendaient aux endroits où le soleil de midi avait percé la chape des branches. Enfoui sous une couche de feuilles mortes et d’aiguilles, le sol n’offrait pas de difficulté. Les arbres créaient même une source de chaleur. La Clee était une forêt royale que l’on négligeait désormais, comme une grande partie du territoire anglais, et que s’appropriaient des hobereaux pendant que le roi et l’impératrice se disputaient la couronne – à moins de dix miles de la citadelle, cette région retournait à l’état sauvage. Les zones défrichées étaient rares. Les cerfs et les lapins de garenne y avaient établi leur fief, mais, par un hiver aussi rigoureux, les daims eux-mêmes seraient morts de faim si l’on n’avait eu la sagesse de les nourrir. Désireux de sauvegarder leur sport favori, les seigneurs faisaient parfois mettre à leur disposition des fourrages trop précieux pour être gaspillés par les fermiers. Cadfael dépassa une meule de foin réduite en charpie par les bêtes affamées. La neige alentour portait leurs traces et témoignait que le garde forestier s’acquittait de sa tâche sans se soucier des rivalités politiques.

A travers les branches, le cavalier entrevoyait de temps en temps le soleil déclinant. La nuit se répandait comme une nuée sur une terre encore baignée de clarté. Quand les arbres s’écartèrent devant lui, il déboucha dans un essart : un jardinet et un champ entouraient un modeste cottage. Un homme rabattait deux ou trois chèvres et les rassemblait dans un enclos protégé par une claie. En entendant la neige et les feuilles gelées craquer sous les sabots du cheval, il tourna la tête, alerté. C’était un paysan d’une quarantaine d’années, d’une stature imposante. Vêtu d’une tunique de bure, il était chaussé d’épaisses jambières de cuir. Dès qu’il eut parqué ses chèvres, il vint au-devant du voyageur. Les paupières plissées, il détailla le large visage buriné, à demi dissimulé sous le capuchon, l’habit monastique et le robuste cheval.

— Dieu bénisse cette ferme et son fermier, dit Cadfael en s’avançant vers la barrière d’osier.

— Dieu soit avec vous, mon frère, répondit l’homme d’une voix unie, tandis que son regard trahissait une certaine méfiance. Où vous rendez-vous ?

— A Bromfield, l’ami. Suis-je sur le bon chemin ?

— Oui. Continuez et dans un demi-mile vous croiserez une rivière, la Hopton. Ensuite, tournez un peu à gauche pour traverser les deux ruisseaux qui se jettent dans la Hopton. Après le second ruisseau, bifurquez vers la droite en longeant la pente et vous tomberez sur la grand-route de Ludlow, à un mile du prieuré.

Le paysan ne demanda pas pourquoi un bénédictin errait dans cette forêt à une heure aussi tardive ; il ne posa aucune question. De toute sa haute taille, il s’était posté à l’entrée de son enclos, dans une attitude de défense, ce qui ne l’empêchait pas de garder un ton déférent. Les yeux seuls disaient qu’il avait quelque chose à cacher. En même temps, il paraissait aux aguets. Pourtant, songea Cadfael, celui qui avait défriché une partie de la forêt abandonnée ne pouvait être qu’un brave homme.

— Merci de votre obligeance, dit Cadfael, le Seigneur vous le rendra. Peut-être accepterez-vous de m’aider encore : je suis un moine de Shrewsbury et je soigne l’un de nos frères de Pershore qui se trouve à l’infirmerie de Bromfield. Il s’inquiète beaucoup au sujet de trois personnes qu’il a rencontrées en chemin. Ils avaient fui le pillage de Worcester dans l’espoir de gagner Shrewsbury.

Il décrivit les trois fugitifs, doutant de son intuition jusqu’à ce qu’il surprît un coup d’oeil du paysan en direction du cottage. Cependant, l’homme resta impassible.

— Non, ils ne sont pas venus par chez moi. Pourquoi l’auraient-ils fait ? Ce sentier ne mène nulle part.

— Dans une région inconnue, les voyageurs risquent de se perdre, surtout avec cette neige. Vous n’êtes pas si loin de Godstoke, où je suis déjà passé. Si jamais vous apercevez ces trois jeunes gens, ensemble ou séparément, dites-leur qu’ils sont recherchés par les autorités du comté ainsi que par les abbayes de Worcester et de Shrewsbury. Dès qu’on les retrouvera, on leur donnera une escorte. La garnison de Worcester a été renforcée. Voulez-vous leur transmettre ce message si vous les voyez ?

L’homme le regarda droit dans les yeux et acquiesça :

— C’est entendu. Si jamais ils s’aventurent par ici.

Il ne bougea pas d’un pouce avant que Cadfael, relevant ses rênes, n’eût rejoint le sentier. Néanmoins, quand le cavalier se retourna, à l’abri des arbres, le paysan s’était empressé de regagner son cottage, comme pour accomplir une tâche urgente. Cadfael ralentit l’allure ; son cheval allait à l’amble. Une fois hors de vue, il s’arrêta et écouta. Un mouvement presque imperceptible, derrière sa monture, récompensa son attente. On le suivait d’un pas timide, discret, en essayant à la fois de se hâter et de passer inaperçu. D’un coup d’oeil par-dessus son épaule, il discerna en une fraction de seconde un manteau bleu qui s’élançait à couvert des arbres. Cadfael poursuivit sa route, sans précipitation, puis soudain tira la bride de côté et fit volte-face. Le bruit de pas cessa aussitôt. Au même moment, les basses branches d’un hêtre laissèrent tomber quelques flocons poudreux.

— Vous pouvez vous montrer, dit-il doucement. Je suis un moine de Shrewsbury, vous n’avez rien à craindre. Ce brave homme vous a dit la vérité.

Le jeune garçon sortit de sa retraite et se tint au milieu du sentier, les jambes écartées, hésitant à s’enfuir : un enfant de petite taille, trapu, avec une tignasse brune et de grands yeux noirs qui ne cillaient pas ; le modelé exceptionnellement ferme du menton et de la bouche démentait la rondeur enfantine de ses joues. Le manteau et la cotte bleu clair semblaient froissés et d’une propreté douteuse, comme s’il avait dormi dans les bois. Sur l’une de ses chausses grises, un trou béait à la hauteur du genou. Cependant, il portait ces vêtements usagés avec une assurance tout aristocratique. Son ceinturon arborait une dague au fourreau incrusté d’argent qui avait dû tenter plus d’un voleur. Mais quoi qu’il lui fût arrivé, il était tombé dans de bonnes mains.

— Il a dit... commença le petit garçon en s’approchant d’un ou deux pas. Il s’appelle Thurstan. Lui et sa femme ont été très gentils. Il a dit qu’il y avait quelqu’un qui lui inspirait confiance, un bénédictin, et il a ajouté que vous nous cherchiez.

— C’est exact. J’imagine que tu es Yves Hugonin.

— Oui. Je peux vous accompagner à Bromfield ?

— Naturellement, Yves, et tu seras très bien accueilli. Depuis que vous vous êtes échappés de Worcester, ton oncle d’Angers est revenu de Terre sainte et il s’est rendu à Gloucester, où on l’a informé de votre disparition. Aussitôt, il a envoyé à votre recherche. Il va être très heureux qu’on vous ait retrouvés.

L’enfant eut une moue dubitative :

— Mon oncle d’Angers ? A Gloucester ? Mais c’étaient des troupes de Gloucester qui...

— Il n’a rien à voir avec cela. Ne te soucie pas de ces querelles qui l’empêchent de venir lui-même. Ni toi ni moi n’y pouvons rien. Nous nous sommes engagés à vous ramener sains et saufs : de cela, tu peux être certain. Or nous recherchons trois personnes. Où sont ta soeur et sa gouvernante ?

— Je n’en sais rien !

La réponse avait jailli dans un cri chargé de désespoir. Son menton trembla un instant, puis il se domina.

— J’ai laissé soeur Hilaria à Cleeton et j’espère qu’elle y est toujours en sécurité. J’ignore ce qu’elle a fait après... Quant à ma soeur... Tout ça, c’est à cause de ma soeur ! Elle est partie pendant la nuit avec son amoureux. Il était venu la chercher, mais je suis sûr qu’elle lui avait envoyé un mot. J’ai essayé de les suivre. Seulement, il s’est mis à neiger...

Cadfael exhala un soupir où se mêlait l’inquiétude, le soulagement et la perplexité. Si la religieuse s’était réfugiée à Cleeton, la jeune fille paraissait également hors de danger : l’amoureux en question n’avait sans doute pas d’intentions meurtrières. Cependant, comme l’histoire s’annonçait longue et confuse, mieux valait conduire d’abord le petit garçon à Bromfield ; les derniers rayons du soleil disparaissaient et il leur restait encore plusieurs miles à parcourir.

— Viens, tâchons de rentrer avant la nuit. Grimpe sur l’encolure, tu n’es pas lourd et tu ne gêneras pas ce brave cheval. Pose ton pied sur le mien, comme ceci...

Yves empoigna fermement la main de Cadfael et se hissa d’un bond, puis il se blottit contre lui en poussant un gros soupir.

— J’ai remercié Thurstan et je lui ai dit au revoir, précisa-t-il, scrupuleux. Je lui ai donné la moitié de ce qui restait dans ma bourse, ce qui d’ailleurs ne représente pas grand-chose. Il a répondu qu’il ne désirait rien et qu’il avait été content de me venir en aide, mais quand même, je n’avais rien d’autre à lui proposer et je ne pouvais pas m’en aller sans lui laisser un témoignage de gratitude.

— Un jour, tu lui rendras visite.

Le petit garçon semblait bien élevé, conscient de son rang et de ses obligations. Ses manières plaidaient en faveur de l’éducation des bons pères.

— J’aimerais beaucoup, affirma Yves en se pelotonnant contre l’épaule de Cadfael. Je lui aurais volontiers offert ma dague, mais il a objecté que j’en aurais peut-être besoin et que, de toute façon, il ne saurait pas quoi en faire, puisqu’il n’oserait jamais s’en servir : si on le soupçonnait de l’avoir volée ?

Dans son soulagement, il avait momentanément oublié les deux jeunes femmes égarées au coeur de l’hiver. Treize ans : il se réjouissait qu’on le prit en charge.

— Combien de temps as-tu passé dans cet essart ?

— Quatre jours. Thurstan estimait que le plus prudent, c’était que j’attende qu’on vienne me chercher. Par ici, les gens racontent qu’il y a des bandits dans les bois et sur les collines. Et puis, si j’étais parti tout seul sous cette tempête, je me serais encore perdu. J’avais déjà erré pendant deux jours, deux jours entiers. J’ai dormi dans un arbre, à cause des loups.

En se remémorant ses épreuves, il ne se plaignait pas ; au contraire, il s’efforçait plutôt de ne pas fanfaronner. Eh bien, songea Cadfael, autant qu’il parle, qu’il se délivre de sa solitude et de ses craintes, comme un voyageur qui se hâte vers un bon feu après une périlleuse équipée. Le récit proprement dit attendrait. Avec un peu de chance, Yves lui indiquerait plus tard l’itinéraire précis des deux jeunes femmes. Le plus urgent était d’atteindre Bromfield avant la nuit.

Ils traversèrent au galop des zones où les arbres se clairsemaient dans les derniers rayons du crépuscule. Les flocons dansaient avec langueur tandis qu’ils apercevaient enfin la Hopton. Ils la franchirent à même la glace. Soucieux d’alléger le poids du cheval, Cadfael descendit de selle et le mena par la bride. Ils s’orientèrent ensuite vers la gauche, en s’éloignant du lit de la rivière, et aboutirent bientôt à l’un de ses deux affluents, qui coulait en pente douce sur leur droite. Les cours d’eau étaient gelés depuis plusieurs jours. Le soleil s’était couché ; une lueur maussade persistait à l’ouest sous un ciel de plomb. La bise se levait, la neige leur cinglait le visage. A cet endroit, la forêt se morcelait en une multitude de lopins de terre. Parfois, surgissait une bergerie grossièrement étayée, le dos au vent. Les formes commençaient à se noyer dans l’ombre, parmi des tertres bleutés où s’accumulaient des flocons insaisissables.

Immobile et silencieux, le second affluent serpentait au milieu des roseaux en traçant des méandres aux diaprures peu profondes. Cadfael sauta à bas de son cheval, gêné par le contact trop lisse de la glace, et le guida sur la surface opaque. Il progressa avec circonspection, un pas après l’autre, car ses bottes étaient usées et les semelles glissaient. L’espace d’un instant, il entrevit en dessous de lui, vers la gauche, une masse plus pâle, fantomatique, qui gisait sous la glace ; le cheval trébucha et reprit son équilibre, puis réussit à atteindre l’autre rive, tapissée d’herbes givrées.

Cadfael mit du temps à identifier ce qui reposait sous ses pieds, et plus de temps encore à l’admettre. Une demi-heure plus tard, et il n’aurait rien remarqué. Cinquante pas plus loin, après un fourré de buissons, il fit halte et, au lieu de remonter en selle, il tendit la bride au jeune garçon en lui disant le plus calmement possible :

— Attends-moi un moment. Non, ce n’est pas ici qu’il faut bifurquer, mais j’ai cru distinguer quelque chose. Attends-moi.

Une fois de retour sur le ruisseau gelé, Cadfael s’assura que cette pâleur ne provenait pas d’un mirage provoqué par des reflets : la chose était fixe, enchâssée dans la glace. Il s’agenouilla pour l’examiner de plus près.

Un frisson lui parcourut l’échine. Ce n’était pas le cadavre d’un agneau, comme il l’avait tout d’abord supposé, car la forme était plus allongée, plus nette : une mince silhouette blanche. Du fond de son linceul translucide, un ovale nacré le contemplait, les yeux grands ouverts. Les mains fines avaient bougé avant d’être saisies par le gel ; elles flottaient sur les côtés, paumes ouvertes, un peu surélevées, en un geste d’appel. Une longue chemise déchirée lui tenait lieu de vêtement. Sur la poitrine apparaissait une tache sombre, mais si faiblement qu’à y regarder de trop près Cadfael eut l’illusion que la tache se déplaçait et finissait par s’évanouir. Le visage était fragile, délicat, juvénile.

Un agneau, après tout. Un agneau de Dieu, une brebis égarée, attaquée, violentée, massacrée. Dix-huit ans ? L’âge correspondait. Cette découverte le convainquit qu’Ermina Hugonin était à la fois retrouvée et perdue.

La vierge dans la glace
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